Cette série que nous presente Rodin a été marquée par la difficulté de l’isolement durant le confinement, mais se déploie aussi sous le jour nouveau du déconfinement. Cette période introspective a d’ailleurs vu naître l’un des premiers autoportraits de l’artiste. Le travail est réalisé à l’encre de chine, aquarelle, sur carton. Les « dessins » ouvrent des petites histoires. Ils s’appuient beaucoup sur le travail d’une première série photographique. La matière rencontrée au travers de l’expérience de ses divers métiers est convoquée dans sa peinture : travaux, un jardin, une peinture, du papier peint, du parquet, la lumière d’une fenêtre (…). Et de ces éléments et bribes d’histoires et de matières s’ouvrent une porte vers l’imagination : d’autres mondes et réalités. Mais toujours, il capture notre relation au monde, à ce que l’on a vu, que l’on a perdu, ce qui existe ou pourrait exister. Proche d’une démarche déjà empruntée à diverses reprises, comme la série « Jazz » en 2013, la musique donne un souffle à l’œuvre. Les textures, les lignes, les tâches sont habitées. Le noir a laissé place au rapport presque synesthésique entre la toile-partition et les jeux de couleur associés aux sons. Les partitions picturales ou paysages sonores se font récits. Notamment quand R. Sotolongo emprunte à des éléments et références cubaines. L’entremêlement des lignes – souvent blanches - et des formes peuvent également amener à suivre les détours d’un composant imprimé, d’une structure qui nous dépasse, d’un retour presque englué dans la densité de la matière. Frédéric Trottier-Pistien